Comment faire en sorte que, année après année, nous puissions continuer à produire suffisamment d’aliments pour nourrir les Canadiens et les Canadiennes — et le monde entier ? Tout est dans la façon dont les agriculteurs et les agricultrices gèrent leur plus grande ressource, la terre, et particulièrement le sol. Sans sols sains, nous ne pouvons pas produire d’aliments. C’est aussi simple que cela.
Le sol est un écosystème vivant qui comprend des poches d’humidité et d’air, des minéraux, de la matière organique (matière végétale en décomposition) et une multitude d’organismes, comme des insectes, des vers, des bactéries et des champignons qui font du sol leur habitat.
Le sol a une autre fonction importante : le stockage du carbone. Le dioxyde de carbone (CO2) est l’un des gaz à effet de serre (GES) les plus courants. Cependant, le carbone est un composant clé du sol qui est essentiel à sa fonction, à sa santé et à sa productivité.
Le piégeage du carbone désigne le processus par lequel les plantes absorbent le dioxyde de carbone (CO2) de l’atmosphère et combinent le carbone avec l’eau pour créer de la nourriture végétale. L’excédent de nourriture végétale riche en carbone est stocké ou « piégé » dans le sol sous forme de matière organique.
Agriculture régénératrice et santé des sols
L’agriculture régénératrice décrit un ensemble de pratiques agricoles visant à améliorer la santé des sols par un large éventail de mesures de conservation. Les principaux objectifs de l’agriculture régénératrice sont les suivants :
- Améliorer la capacité des terres agricoles à piéger le carbone.
- Augmenter l’activité des micro-organismes nécessaires au sol pour décomposer la matière végétale.
En quoi consiste l’agriculture régénérative ?
Lorsque les deux facteurs ci-haut sont optimisés, la matière organique et le carbone du sol augmentent. Cela améliore la santé du sol et notre capacité à cultiver des aliments.
Parmi les éléments clés, on peut citer ceux qui suivent.
- Le travail de conservation du sol, également appelé « semis direct », est une technique utilisée lors de la plantation qui minimise la perturbation du sol en plantant les graines directement dans les restes de la culture de l’année précédente. Cela réduit la libération de carbone du sol dans l’air.
- La culture de couverture, qui consiste à planter des cultures avec ou après la culture principale. Cela permet de protéger le sol contre l’érosion, de supprimer les mauvaises herbes, ainsi que d’ajouter de la matière organique et des éléments nutritifs comme l’azote au sol. Les cultures de couverture profitent également aux éleveurs et aux éleveuses, car elles peuvent servir de source d’alimentation pour le bétail.
- La rotation des cultures consiste à planter un type de culture dans un champ une année, une autre culture l’année suivante, et ainsi de suite, dans un ordre particulier. Chaque culture étant sensible à des insectes, des mauvaises herbes et des maladies spécifiques, le fait de changer les cultures d’une année sur l’autre réduit les risques de parasites. La rotation des cultures permet également d’éviter l’épuisement des nutriments du sol, car les différentes cultures ont besoin de quantités différentes de nutriments.
- L’introduction du bétail dans une exploitation agricole contribue à la santé du sol. Les animaux peuvent brouter les cultures de couverture, tandis que leurs sabots aèrent le sol et que le fumier qu’ils produisent ajoute de la matière organique au sol.
Quels sont les avantages de l’agriculture régénératrice ?
L’agriculture régénératrice profite aux agriculteurs et aux agricultrices en améliorant les sols et les écosystèmes, ce qui leur permet de mieux résister aux événements climatiques extrêmes, comme les sécheresses et les inondations. L’augmentation de la matière organique du sol entraîne souvent une amélioration des rendements, ce qui signifie que les agriculteur.trice.s peuvent produire davantage de nourriture sur la même superficie. Cela peut également signifier que moins d’engrais et de pesticides sont nécessaires, ce qui se traduit par une utilisation moindre dans l’ensemble et d’une réduction des coûts.
Les avantages environnementaux de l’agriculture régénérative comprennent une diminution de l’érosion des sols et une augmentation de la biodiversité des plantes, des animaux de pâturage, de la faune et des insectes. Les pratiques régénératives réduisent l’impact de l’agriculture sur la qualité de l’eau en protégeant et en restaurant l’eau propre des ruisseaux, rivières et lacs voisins, et en empêchant les nutriments de s’écouler des champs vers les sources d’eau.
L’agriculture régénératrice contribue à la durabilité
En agriculture, la durabilité signifie la capacité de produire des aliments sains et sûrs aujourd’hui et à l’avenir. L’agriculture durable met l’accent sur la nécessité de répondre à la demande croissante de production alimentaire tout en protégeant les ressources naturelles dont nous dépendons.
L’agriculture régénératrice permet aux agriculteurs et agricultrices de continuer à produire suffisamment d’aliments de haute qualité pour nourrir non seulement les Canadiens et les Canadiennes, mais aussi les habitants d’autres pays qui dépendent de notre approvisionnement alimentaire. Elle permet également aux familles d’agriculteurs et d’agricultrices de gagner leur vie et d’avoir une ferme saine et viable à transmettre à la prochaine génération.
L’agriculture régénératrice se pratique-t-elle sur toutes les fermes ?
Sans qu’elle ne soit nommée ainsi, presque toutes les exploitations agricoles du Canada pratiquent l’agriculture régénératrice d’une manière ou d’une autre. Par exemple, le travail de conservation du sol et la rotation des cultures sont des pratiques largement adoptées dans les exploitations céréalières de l’Ouest canadien, tandis que de nombreux éleveurs et éleveuses intègrent le pâturage de cultures de couverture dans leurs programmes d’alimentation. Ces stratégies se retrouvent dans de nombreux types d’exploitations : conventionnelles et biologiques, d’élevage et de céréales, petites et grandes.
L’agriculture – la pratique de la culture des aliments – évolue continuellement et continuera à le faire pour répondre aux besoins d’un monde en mutation. L’agriculture régénératrice n’est que l’une des stratégies utilisées par les agriculteurs et les agricultrices pour relever ces défis.