Les nombreuses pratiques et les stratégies adoptées par les agriculteurs contribuent au fait que les exploitations agricoles modernes sont plus que jamais efficaces et respectueuses de l’environnement.
L’une de ces stratégies est la rotation des cultures, un plan soigneusement orchestré qui fait en sorte que les agriculteurs et les agricultrices peuvent choisir une gamme variée de cultures. La rotation des cultures consiste à cultiver différentes espèces végétales dans un ordre précis, en plantant un type de culture une année, un autre l’année suivante, et ainsi de suite. En suivant cette pratique, les agriculteur.trice.s peuvent minimiser le risque de parasites et de maladies, et optimiser la quantité de nourriture qu’ils peuvent produire.
Dans les Prairies canadiennes, une rotation des cultures typique comprend des céréales (blé, orge, avoine), des oléagineux (canola, lin, moutarde, tournesol) et des légumineuses (pois des champs, haricots, lentilles, pois chiches). Les rotations de cultures sont généralement basées sur un cycle de 3, 4 ou 5 ans. Par exemple, un.e agriculteur.trice peut cultiver du canola une année, du blé l’année suivante, des pois fourragers l’année suivante, puis une autre culture céréalière comme l’orge ou l’avoine.
Un plan de rotation des cultures pourrait ressembler à ceci : Oléagineux – Céréales – Légumineuses – Céréales – Oléagineux – Céréales – Légumineuses – Céréales – et ainsi de suite.
Les céréalier.ère.s ne sont pas les seul.e.s à utiliser la rotation des cultures. Elle est également pratiquée par les maraîcher.ère.s, qui peuvent par exemple alterner différentes familles de légumes, ou les cultures de légumes avec des cultures céréalières comme le maïs, ou des cultures destinées à l’alimentation animale comme la luzerne ou le trèfle. Et si vous jardiner, vous changez peut-être année après année l’endroit où vous plantez les différents types de légumes. C’est aussi ça, la rotation des cultures !
Les nombreux avantages de la rotation des cultures
L’étude scientifique des différentes rotations de cultures a complètement changé la façon dont les agriculteurs et les agricultrices cultivent leurs terres. En fait, la rotation des cultures est l’une des stratégies les plus importantes pour améliorer la productivité des plantes. Voici comment cette stratégie contribue à la santé des cultures.
- Lutter contre les parasites ET créer des conditions propices au développement des bons insectes. Comme de nombreux insectes et maladies ciblent des variétés spécifiques de plantes, le fait de ne pas cultiver la même culture deux années de suite réduit la capacité de ces parasites à se reproduire et à se propager. Cette méthode naturelle de protection contre les parasites signifie que les agriculteur.trice.s n’ont pas besoin d’utiliser autant de pesticides, voire pas du tout. La rotation des cultures attire également des insectes bénéfiques comme les coccinelles et certains types d’acariens qui se nourrissent d’insectes indésirables. Ces deux types d’insectes peuvent aider à lutter contre les insectes nuisibles pour les plantes, comme les pucerons, sans utiliser de pesticides.
- Créer un sol sain. Les agriculteurs et les agricultrices sont en mesure de produire des cultures saines en gérant le sol. Comme les différentes cultures ont besoin de différents types et quantités de nutriments, leur rotation permet de s’assurer qu’aucun des nutriments du sol n’est épuisé, ce qui contribue à maintenir la fertilité du sol. Les agriculteur.trice.s planifient soigneusement la rotation de leurs cultures, en testant les nutriments dans leurs champs et en sélectionnant les cultures qui optimiseront les nutriments utilisés et retournés au sol.
- Réduire les émissions de gaz à effet de serre. Des cultures saines captent le dioxyde de carbone de l’atmosphère et le piègent dans le sol sous forme de carbone dans la matière organique du sol. Les légumineuses comme les pois, les lentilles, les haricots, les pois chiches ou la luzerne sont essentielles à la rotation des cultures, car elles captent et piègent l’azote atmosphérique – un nutriment important qui crée un sol plus sain capable de piéger davantage de carbone et de le faire plus rapidement.
- Améliorer la biodiversité des exploitations agricoles. Différentes cultures profitent à différentes espèces de microbes du sol. La culture d’un éventail de plantes permet d’obtenir une communauté microbienne plus diversifiée et plus saine, donc un sol plus sain.
Comment se fait le choix des cultures pour la rotation ?
Tout est question de planification. Les agriculteurs et les agricultrices doivent tenir compte de toute une série de facteurs au moment de choisir les cultures à inclure dans leur plan de rotation. En voici quelques-uns.
- Les résidus de culture – Les morceaux de plantes qui restent après la récolte des cultures sont appelés résidus de culture. Ils ajoutent de la matière organique au sol, ce qui retient l’humidité et améliore le mouvement de l’eau dans le sol, ainsi que la structure de la couche de sol. Cependant, une trop grande quantité de résidus peut augmenter le temps nécessaire au sol pour se réchauffer au printemps suivant, ce qui peut retarder les semis. En alternant les cultures avec différentes quantités de résidus, on s’assure qu’ils ne s’accumulent pas trop au fil des ans.
- Évaluation des besoins en nutriments – Les différentes cultures ont des besoins différents en nutriments. Elles épuisent ou ajoutent des nutriments différents au sol.
- Lutte contre les insectes, les maladies et les mauvaises herbes – La lutte contre ces parasites est un défi permanent, mais la rotation des cultures permet de les contrôler. Les différentes cultures ne sont pas toutes sensibles aux mêmes parasites, de sorte qu’ils seront moins présents les années suivantes.
- Commercialisation – Existe-t-il un marché pour une culture ? Il est inutile pour un agriculteur ou une agricultrice de choisir un type de culture s’il n’y a pas de marché pour la vendre.
En résumé, les rotations de cultures soigneusement planifiées constituent un excellent outil pour aider les agriculteurs et les agricultrices à atteindre bon nombre de leurs objectifs, notamment l’amélioration de la fertilité des sols et du rendement des cultures, tout en tenant les parasites à distance. Elle leur permet de gérer soigneusement les risques liés à l’agriculture, tout en utilisant moins d’engrais et de pesticides, et en contribuant à un environnement plus sain. Ce n’est que l’une des nombreuses façons dont l’agriculture moderne contribue à la production alimentaire durable.