par Matt McIntosh
Le processus qui précède l’usage d’un pesticide au Canada
Les pesticides sont des outils importants pour la protection des cultures et l’efficacité de la production alimentaire. Mais avant qu’un pesticide puisse être utilisé par les agriculteurs, il est soumis à un processus d’analyse extrêmement rigoureux afin de s’assurer qu’il ne nuise pas à la salubrité alimentaire et à l’environnement.
Le processus d’approbation des pesticides peut varier d’un pays à un autre. Au Canada, il est pris en charge par le gouvernement fédéral.
Que sont les pesticides ?
Précisons d’abord que le terme « pesticide » englobe trois catégories de produits chimiques dont disposent les agriculteurs, soient les fongicides, les insecticides et les herbicides. Le premier sert à stopper la propagation de champignons pathogènes, le second à éliminer les insectes ravageurs et le troisième, à empêcher les mauvaises herbes d’envahir les champs de culture.
Les produits utilisés pour lutter contre les rongeurs (les rodenticides), de même que les produits antimicrobiens et les désinfectants, entrent dans la catégorie des pesticides. Les herbicides, les fongicides et les insecticides demeurent toutefois les principaux sujets de discussion autour de l’industrie agro-alimentaire et du secteur agricole.
La disponibilité et l’utilisation des pesticides sont réglementées par l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) de Santé Canada. L’ARLA doit les avoir approuvés en tant que produits acceptables pour la santé humaine et l’environnement avant que les agriculteurs puissent les utiliser.
Le processus d’approbation des pesticides
Au Canada, l’approbation d’un pesticide ne se fait pas du jour au lendemain. Avant qu’un pesticide puisse être acheté et utilisé par le grand public, l’ARLA doit s’être assurée — après avoir mené des analyses scientifiques et des évaluations de la sécurité chimique — que le produit en question est conforme aux normes de sécurité établies par Santé Canada.
Le processus d’évaluation scientifique de l’ARLA est l’un des plus rigoureux au monde. Il soumet chaque pesticide proposé par un fabricant à un examen scientifique complet, qui comprend plus de 200 analyses distinctes visant à déterminer ses impacts sur la santé et sur l’environnement. Tous les pesticides mis en vente et utilisés au pays ont été soumis à ce processus d’approbation et sont par la suite constamment réexaminés à la lumière de nouvelles données scientifiques.
À Santé Canada, plus de 300 scientifiques sont attitrés à l’évaluation des demandes d’approbation de pesticides. Les études suivent les normes internationalement reconnues de bonnes pratiques de laboratoire afin que les résultats publiés dressent un profil complet du produit.
La phase des tests exige de grands investissements en temps et en ressources du côté des fabricants. Il faut en effet entre quatre et cinq ans pour détecter de nouveaux composants chimiques, mesurer leur potentiel d’efficacité et leur sûreté, puis de trois à quatre ans pour mener d’autres études, suivi d’une période d’évaluation qui peut s’étendre sur un ou deux ans. C’est seulement lorsque le produit en question a été approuvé par Santé Canada que le fabricant peut procéder à sa mise en marché.
Les produits approuvés sont réexaminés périodiquement, au moins tous les 15 ans ou plus tôt si un risque survient, selon les nouveaux avis scientifiques. Les normes exigent également que les produits herbicides soient accompagnés d’une fiche de renseignements précis, incluant la quantité à appliquer et la manière de le faire. Les agriculteurs doivent suivre ces indications afin de protéger leurs récoltes sans les endommager, de même que l’environnement au sens large.
Santé Canada fournit sur son des renseignements plus détaillés sur le processus d’approbation dans son ensemble et sur sa façon d’évaluer le risque potentiel des pesticides pour la santé. Le ministère a également élaboré une Foire aux questions au sujet de l’ARLA où l’on trouve des réponses sur son fonctionnement, sur les considérations qu’elle prend en compte, sur les pesticides de remplacement et sur bien d’autres interrogations reliées aux pesticides et à la lutte antiparasitaire.
Autres champs d’action
Les ministères provinciaux et territoriaux du Canada participent également et de plusieurs façons à l’amélioration et au renforcement de la réglementation des pesticides, à savoir : émission des permis d’utilisation de pesticides ; imposition de restrictions additionnelles ; réglementation du transport, du stockage et de l’élimination des pesticides ; réglementation de l’éducation, de la formation et de la certification des vendeurs et des préposés à l’application des pesticides. En Ontario, par exemple, quiconque souhaite acheter et utiliser des pesticides (un agriculteur ou un paysagiste, par exemple) doit suivre et réussir un cours de sécurité. Ce cours permet de détenir pour une période donnée un certificat d’utilisateur de pesticides.
Certaines municipalités canadiennes ont choisi d’adopter des arrêtés limitant l’utilisation de pesticides sur leur territoire, bien que ces décisions soient parfois en contradiction avec les directives de Santé Canada qui sont fondées sur des recherches et des données scientifiques.