par Andrew Campbell
Il n’y pas si longtemps, la dinde était associée aux repas des Fêtes, mais aujourd’hui, le bacon de dinde, les charcuteries de dinde et la dinde hachée représentent une tendance d’achat croissante chez les consommateurs qui sont à la recherche d’une viande différente. Cela veut dire que les dindes sont maintenant élevées spécifiquement à cette fin.
À leur ferme d’élevage de dindes, Ann Marie et Cameron font tout pour que leurs volailles soient confortables et en santé. Ils ont par exemple installé des mangeoires de couleur et construit une grange sur le haut d’une colline afin qu’en été, elle soit aérée naturellement par la brise. On voit bien ici combien l’élevage ne se résume pas qu’à nourrir les animaux et à conduire un tracteur : il faut s’attarder à une foule de détails et travailler jour après jour à les perfectionner.
Je vous invite à me suivre, en compagnie de Ann Marie et Cameron qui nous feront découvrir tous les détails auxquels ils doivent s’attarder et à quel point ils connaissent les dindes qu’ils élèvent.
Je rencontre aujourd’hui Ann Marie et Cameron, qui sont des éleveurs de dindes. Merci de me recevoir ici. Cette grange est toute neuve ! Pourquoi l’avez-vous construite ?
C’est parce que nous prenons de l’expansion et que nous voulions améliorer l’environnement et travailler plus efficacement. Cela fait trois ans cette année que nos dindes suivent un régime sans antibiotiques et nous voulons qu’elles vivent dans les meilleures conditions possible.
Nous sommes maintenant à l’intérieur de la grange et je vois que la moitié arrière est vide, mais qu’il y a une foule de dindes à l’avant. Pourquoi n’occupent-t-elles pas tout l’espace ?
Les dindes sont très curieuses de nature et comme nous les regardons depuis quelques minutes, elles se sont approchées pour venir voir ce que nous pouvons bien leur vouloir ! Les dindes s’attachent facilement à nous. Éventuellement, si nous restons ici assez longtemps, elles perdront l’intérêt et se disperseront à nouveau.
Ces dindes ne sont pas très grosses. Quel âge ont-elles ?
Ces dindes ont cinq semaines et demie. Elles seront prêtes pour le marché à environ 16 semaines, mais elles ne passeront que 12 semaines dans cette grange-ci. L’incubation se fait dans un autre bâtiment.
Incuber veut dire élever depuis la naissance, c’est ça ?
Oui. Quand elles sont fraîchement écloses et n’ont que quelques jours, nous les gardons dans la grange d’incubation de quatre à cinq semaines.
En quoi l’installation d’incubation est-elle différente de cette grange ?
La grange d’incubation est ce que l’on appelle une grange à ventilation assistée, totalement close et très chaude. Les dindes d’un jour ont besoin d’une température de 32 °C (90 °F), puis nous la baissons à mesure qu’elles grandissent. La grange où on se trouve en ce moment est ventilée naturellement à travers des rideaux d’aération accrochés sur les côtés. Ces jours-ci, la température à l’extérieur est d’environ 21 °C (70 ℉), mais il fait un peu plus chaud aujourd’hui.
Oui, c’est sans doute la journée la plus chaude de l’année, mais il fait frais à l’intérieur. Pourquoi est-ce si confortable ?
Cette grange est bâtie sur une petite colline. Notre ferme est exposée à un vent dominant, idéal pour aérer naturellement la grange. Une belle brise passe par les rideaux aujourd’hui, alors l’air est remplacé et circule continuellement.
Vous avez mentionné que la diète des dindes est sans antibiotiques. Qu’est-ce que ça veut dire au juste ?
Ça veut dire que les rations de moulée ne contiennent aucun antibiotique, ce qui nous permet de mettre en marché un produit « élevé sans antibiotiques ». Nous suivons ce programme depuis trois ans et nous avons eu pas mal de chance. La raison d’être de la nouvelle grange est de soutenir encore mieux le programme. Par contre, si les dindes tombent malades, nous avons la possibilité de leur donner des antibiotiques particuliers, qui sont prescrits par un vétérinaire.
Si une seule dinde tombait malade, vous lui donneriez des antibiotiques ?
Non, il faudrait que tout le troupeau dans la grange soit malade, parce que j’imagine que ce ne serait pas possible de prendre la température de chacune des dindes. Si nous gérons l’environnement comme nous devons le faire, nous minimisons les risques. Nous faisons vacciner les dindes et nous prenons d’autres mesures préventives.
La fenêtre d’aération est couverte d’un grillage. Est-ce une des mesures préventives ?
Il faut empêcher les oiseaux sauvages d’entrer dans la grange pour protéger les dindes de la grippe aviaire, surtout au printemps quand les oiseaux migratoires reviennent du sud. Nous nous assurons de protéger nos volailles contre les prédateurs et les oiseaux sauvages.
Il y a quelques trucs dans la grange qui ont piqué ma curiosité, comme les plateaux verts où quelques dindes plongent le bec. Qu’est-ce qu’il y a dans ces plateaux ?
Les plateaux verts contiennent de l’eau, ce sont nos abreuvoirs. Il y a quatre lignes d’alimentation d’eau pour s’assurer que les dindes aient en tout temps amplement d’eau à boire.
Comment se nourrissent les dindes ?
Leur moulée est répartie dans la grange dans des bols rouges. Les dindes aiment le rouge, elles sont attirées par le vert aussi. La ligne d’alimentation qui se trouve au milieu remplit les mangeoires dès qu’on amène des dindes dans la grange. En emplissant bien les bols, elles peuvent mieux voir leur nourriture et cela les aide à s’adapter à leur nouvel environnement. Nous allons ajuster la hauteur des mangeoires au fur et à mesure qu’elles grandiront. Ces dindes sont arrivées dans la grange il y a seulement une semaine, alors on veut s’assurer qu’elles trouvent tout ce dont elles ont besoin.
De quoi est composée leur nourriture ?
Une ration contient du maïs, du soja et du blé, et des vitamines et des minéraux pour qu’elle soit bien équilibrée. On débute par un régime riche en protéines et dans la phase de finition, la ration est plus énergétique et contient moins de protéines.
J’ai l’impression que ces volailles sont dans la phase de l’adolescence, parce que leur plumage est ébouriffé. Quelles sont les choses qui vont changer au cours de ces sept semaines ?
Elles vont croître. Notre objectif est qu’elles pèsent 15 kg à l’âge de 16 semaines. C’est ce qu’on vise. Elles vont devenir matures, leur tête prendront une couleur bleu-rouge. Vous les verrez se pavaner : elles lèvent leurs plumes et déploient leur queue en éventail. Les dindes aiment se promener dans la grange et rester actives. Elles sont curieuses et quand nous faisons nos inspections, elles nous suivent.
Tu m’as dit au début qu’au bout d’un moment, elles se lassent, se dispersent dans toute la grange et se remettent au repos. Quand elles auront 16 semaines, elles seront expédiées ? Comment faites-vous pour les sortir d’ici ?
Nous avons un chargeur et un préchargeur. Le préchargeur est une machine à tapis roulant sur lequel on embarque les dindes et qui les emmène jusqu’au chargeur, qui est semblable à un escalier roulant. Elles sont dirigées directement vers des cageots. Nous faisons en sorte qu’elles ne soient pas stressées. Il suffit de les guider en marchant vers le préchargeur et de les regrouper.
Les gens ne pensent qu’à manger de la dinde quelques fois par année, mais c’est une habitude que les éleveurs tentent de modifier. Mise à part la volaille entière, comment la dinde est-elle transformée ?
Ces dindes de 15 kg sont toutes destinées à être transformées, parce que qui voudrait d’une dinde aussi grosse sur sa table ? Nos dindes à nous servent à produire des charcuteries, des galettes à burgers de dinde, du bacon de dinde, des roulades de poitrine… L’avantage de la viande de dinde, c’est qu’elle est un peu plus sèche et donc plus facile à travailler pour les transformateurs. Ils peuvent plus facilement incorporer d’autres ingrédients pour obtenir un produit final intéressant.
Et cette visite a elle aussi été très intéressante ! Merci à tous les deux.