par Erin MacGregor, Dt.P.
En tant que parent, j’observe chez mes clients que l’alimentation de leurs enfants est une grande source d’anxiété.
On s’inquiète, on se demande s’ils mangent assez, s’ils mangent vraiment sainement. Ou peut-être qu’ils mangent trop ?? Nous regardons systématiquement les listes des ingrédients et les étiquettes nutritionnelles. L’inquiétude, en fait, c’est de ne pas être « parfaits » dans notre façon d’alimenter nos enfants.
De nos jours, les parents subissent une intense pression sociale. Nous sommes bombardés de messages sur l’importance de manger sainement. Nos fils d’actualités sur les réseaux font défiler des images parfaites de familles parfaites qui mangent des repas parfaits. Et l’effet sur les parents est réel : ils ont l’impression qu’ils ne font pas tout ce qu’il faudrait pour gérer l’alimentation de leur enfant. En fait, chers parents, nous n’avons pas à faire grand-chose !
Les enfants mangent naturellement de manière intuitive. Une fois qu’un enfant peut s’alimenter et qu’on le laisse à lui-même, il mange les aliments auxquels il est exposé régulièrement lorsqu’il a faim. Et lorsque son ventre est plein, il arrête tout simplement de manger. Cette aptitude innée déraille uniquement lorsque les parents ou les éducateurs.trices s’impliquent trop. C’est lorsque l’on impose aux enfants nos valeurs et nos croyances à propos de l’alimentation qu’ilsse mettent à ignorer et à douter de leurs propres signaux de la faim et de la satiété (se sentir plein). Les parents ont bien sûr les meilleures intentions du monde. Nous voulons le meilleur pour nos enfants et il nous paraît sensé de leur inculquer nos principes sur l’alimentation. Si nous sommes responsables de leur enseigner à compter jusqu’à dix, à écrire leur nom et à devenir propres, nous devons aussi leur montrer comment « manger santé », non ?
En fait, ce n’est pas nécessaire.
En tant que parents, nous devons tout simplement montrer l’exemple et la meilleure façon de le faire est d’offrir régulièrement à nos enfants une grande variété d’aliments sains. Nous pouvons évidemment établir certaines limites et des règles claires autour des repas. Ce qu’il ne faut pas faire, c’est forcer nos enfants à manger ce que nous voulons qu’ils mangent.
Plusieurs études sérieuses appuient cette philosophie, dont celles réalisées par Ellyn Satter, une diététiste qui fait autorité partout dans le monde. En concentrant sa pratique et ses études cliniques sur l’alimentation des enfants pendant des décennies, elle a élaboré une méthode basée sur le « partage des responsabilités ». Cette méthode est devenue la référence absolue pour alimenter et élever des enfants qui aiment manger et qui restent de petits mangeurs curieux, ouverts à découvrir de nouveaux aliments.
Afin d’y parvenir, il faut donc partager les responsabilités autour de l’alimentation. Bien que les enfants aient besoin d’encadrement, ils doivent également avoir les conditions idéales pour développer un sentiment d’indépendance et d’autonomie pour se nourrir selon leurs besoins.
Dès que l’enfant peut se nourrir lui-même, les responsabilités doivent être partagées entre lui.elle et ses parents de la façon suivante :
- Les parents sont responsables du quoi, du quand et du où.
- L’enfant est responsable du si et du combien.
Examinons cette méthode d’un peu plus près. En tant que parents, nous serions responsables du :
- Quoi, qui représente l’éventail d’aliments que nous offrons à notre enfant. Il doit être équilibré, varié et nutritif.
- Quand, qui correspond aux moments que nous choisissons pour offrir de la nourriture à l’enfant. Établissez un horaire régulier pour les repas et les collations et n’offrez ni nourriture, ni boissons (sauf de l’eau) entre ces moments fixes de la journée. Avec un horaire régulier, l’enfant a le temps de ressentir la faim et est en appétit lorsque c’est le moment de manger.
- Où, qui correspond à l’endroit désigné pour manger. Vous aiderez les enfants à porter attention à leur alimentation si les repas sont toujours servis au même endroit, à l’écart des autres activités. À la maison, assoyez-les à table ou au comptoir, loin des jouets et de la télé. Si vous vous trouvez ailleurs, déterminez un lieu où ils peuvent s’asseoir et prendre le temps de manger.
Pour le reste, c’est l’enfant qui serait responsable du :
- Si › L’enfant décide s’il va manger ou non.
- Combien › L’enfant choisit la quantité de nourriture qu’il va manger.
Les parents qui remplacent leur méthode par celle du partage des responsabilités n’ont pas la tâche facile au début. Donner à un enfant le contrôle de la quantité de nourriture qu’il mange et même le choix de manger ou non peut sembler contre nature et très différent de la méthode de nos parents, mais les bienfaits sont grands. En permettant à un enfant de se fier à son instinct et de se nourrir de manière autonome, on lui offre une meilleure santé à long terme, la joie de découvrir de nouveaux aliments et la chance d’avoir une relation saine avec la nourriture.
Alors, chers parents, restez calmes et laissez vos enfants manger, c’est tout.