Andrew Campbell
La première image que l’on se fait d’une ferme laitière est rarement composée d’équipements de haute technologie, pas vrai ? En réalité, les éleveurs investissent beaucoup d’argent pour automatiser leurs exploitations et énormément de temps à étudier des systèmes informatiques complexes, reliés à des capteurs, à des caméras et même à des robots. Les éleveurs laitiers ont accès à des systèmes robotisés depuis 20 ans, mais ce n’est que depuis quelques années qu’un plus grand nombre d’entre eux ont choisi de les implanter.
Par contre, lorsque l’on bâtit une nouvelle étable laitière aujourd’hui, on installe en général un système de traite robotisée. Un éleveur peut aussi se munir de robots qui nourrissent les vaches et les veaux, qui balayent le fourrage et qui peuvent même racler le fumier. Certaines fermes, comme celle de la famille de Todd, ont adopté toute ces technologies et bien d’autres pour les aider à prendre soin de leur bétail. Si vous souhaitez découvrir une ferme laitière du futur, suivez-moi à Holmdale Farms.
Est-ce une ferme familiale ? Qui y travaille ?
Oui, Holmdale Farms est une exploitation familiale depuis 1874. Je (Todd) fais partie de la cinquième génération et mon fils Keaton fait partie de la sixième. Il s’occupe de l’alimentation du bétail et de la gestion de la reproduction.
C’est le travail en famille qui nous motive et qui nous a conduit jusqu’ici. Avec un peu de chance, la robotisation va rendre notre travail plus agréable et nous permettra de bien accomplir nos tâches pour que notre ferme familiale reste viable. Nous avons quelques employés qui travaillent dans l’étable, mais grâce à la technologie, ce petit groupe de personnes suffit à contrôler toutes les opérations.
Les robots à la ferme sont très fiables et maintiennent un environnement stable, ce qui aide les vaches à rester calmes. Les robots font en sorte qu’il n’y a pas beaucoup de bruit ou de mouvements soudains. Et nous n’avons pas à nous inquiéter des absences du personnel pour toutes sortes de raisons, ce qui est important, parce qu’une ferme laitière doit fonctionner à chaque jour de l’année.
Allons dans la salle d’alimentation. Comment fonctionne ce robot ?
C’est un robot d’alimentation Lely Vector, qui comprend un immense bol à mélanger. On se sert d’un pont roulant équipé d’un grappin pour y charger les aliments secs comme l’ensilage mi-fané et l’ensilage de maïs. La nourriture destinée aux vaches est une composition précise, appelée Ration totale mélangée (RTM). À l’extérieur de l’étable, nous avons plusieurs bacs de différents aliments comme la drêche de maïs, le tourteau de soja, le tourteau de canola, le maïs séché et certains minéraux que l’on peut ajouter au mélange.
Comment fonctionne ce modèle de robot d’alimentation ?
Il y a six différents mélanges de fourrage dans l’étable. Chaque mélange est formulé spécialement selon que les vaches sont en lactation, ont vêlé récemment, sont taries (ne donnent plus de lait) ou sont encore des génisses (jeunes vaches qui n’ont pas encore eu de veau et qui sont de plus petite taille). Le système d’alimentation automatique fait le tour de l’étable et peut localiser chaque groupe particulier de vaches à nourrir. Lorsque son laser détecte un secteur où le fourrage pourrait manquer, l’appareil retourne à la salle d’alimentation et envoie un message par Bluetooth au pont roulant pour qu’il approvisionne le système.
Sur le plancher de la salle d’alimentation, il y a des marques indiquant où on doit placer les différents bacs d’aliments. Le mélangeur communique avec le grappin de chargement, qui se soulève, prend et dépose dans le système les différents produits secs nécessaires au mélange. Le système comprend une balance pour que les quantités soient précises. Il mélange la ration et l’achemine jusqu’à l’animal. Ensuite, il balaye et aspire le surplus de fourrage dans d’autres mangeoires et repart détecter d’autres zones qui auraient besoin d’être ravitaillées.
Le système est une technologie entièrement sans fil et est alimenté par un bloc-batterie. Le mélangeur est branché à une prise d’alimentation uniquement lorsqu’il fait un plein d’aliments.
Pourquoi les rations varient-elles selon le type de vache ?
Nous avons six types de Ration totale mélangée (RTM) et chaque mélange répond aux besoins nutritionnels d’une vache selon le stade dans lequel elle se trouve. Par exemple, une génisse ne doit pas manger la même chose qu’une vache en lactation, car leurs besoins en vitamines ou en protéines, par exemple, ne sont pas les mêmes. Une vache laitière peut manger 120 livres de fourrage par jour, alors qu’un veau n’en mangera que 15 livres.
On passe maintenant de l’atelier d’alimentation à l’étable. Il y a combien de vaches, en tout ? Sur quoi sont-elles couchées ?
Il y a 130 vaches ici et si elles étaient dispersées uniformément dans l’étable (ce qui n’arrive pas, parce que ce sont des animaux de troupeau), chacune aurait un espace de 130 pieds carrés. Ce genre d’étable occupe beaucoup plus d’espace et représente plus de pieds carrés par vache, mais le niveau de confort n’a pas son pareil.
Les vaches couchent sur une litière de compost, pas celui fait d’épluchures ou de restes de nourriture, mais de bran de scie qui est incorporé au lisier deux fois par jour. En chauffant, ce compost se stérilise par lui-même et crée une litière exceptionnelle pour les vaches, plus douce que du sable de plage ! C’est ni plus ni moins qu’une plage stérilisée où elles peuvent déambuler et s’allonger.
Est-ce que vous gardez toujours les vaches à l’intérieur ? Pourquoi ?
Lorsque nous avons construit l’étable, nous avons pensé à laisser sortir les vaches, mais par expérience, nous savons qu’elles ne sortent que la nuit.
Nous sommes d’avis qu’il est préférable que les bêtes restent dans l’étable, où nous pouvons mieux contrôler leur niveau de confort. L’étable est équipée de plusieurs ventilateurs qui font circuler l’air et éloignent complètement les mouches. Et si la température s’élève dans l’étable, il y a un système de gicleurs pour rafraîchir les vaches. Lorsqu’il fait très chaud, elles sont aspergées d’eau pendant 30 secondes à toutes les cinq minutes et reçoivent une douche complète après chaque séance de traite.
Regardons justement le robot de traite. Comment ça fonctionne ?
Un robot de traite s’adapte à la vache. Ici, tout est centrée sur elle. Chacune porte un transpondeur autour du cou, qui transmet au robot les données lui indiquant que telle ou telle vache est entrée pour la traite.
Le robot de traite s’attend à recevoir environ huit litres de lait, sinon il retourne la vache à l’étable, qui devra revenir plus tard, lorsqu’elle pourra donner plus de lait. En moyenne, les vaches traitent trois fois par jour. Chacune produit habituellement 45 litres de lait par jour, soit de 14 à 15 litres par traite.
Une vache traite toutes les huit heures environ, mais une vache n’a pas un horaire très régulier. Elle broute, elle mange, elle s’allonge, elle fait ce qu’elle veut, quand elle le veut. Le fourrage et l’eau sont à sa disposition, tout comme le robot de traite.
Le robot de traite attire les vaches et les incite à revenir en faisant tomber de petites portions de fourrage. Nous ne souhaitons pas que les traites soient trop espacées, car ce n’est pas sain pour la vache ou pour la ferme. Et puis nous obtenons plus de lait en effectuant trois traites par jour.
Est-ce que les vaches reçoivent une récompense après la traite ?
Absolument ! C’est un fourrage sucré à haute teneur énergétique, sous forme de granules. Les vaches qui produisent le plus de lait reçoivent chaque jour environ six kilos et demi de granules afin que leurs besoins énergétiques soient comblés par l’alimentation. Une vache qui produit moins de lait, par exemple, ou une vache enceinte qui se joindra pendant deux mois au troupeau de vaches taries où elle ne donnera plus de lait avant de mettre bas, ne recevra que deux ou trois kilos de ces granules sucrées, parce que la lactation ne demande pas tant d’énergie.
Est-ce que le robot de traite fonctionne toute la journée ? Est-ce qu’une vache peut aller et venir comme elle le veut ?
Les robots de traite à notre ferme fonctionnent environ 19 heures sur 24, donc le jour comme la nuit. Le nombre de visites au robot baisse rarement durant la nuit. Les vaches se lèvent et vont voir si les machines à traire sont vides. Elles n’ont pas besoin d’attendre pour se faire traire la nuit : elles peuvent boire, prendre une bouchée de fourrage, puis s’allonger de nouveau.
Dans la salle d’alimentation, l’ordinateur conservait les données sur le fourrage et sur la quantité consommée par les vaches. Est-ce qu’il enregistre aussi des données sur la traite et le lait ?
L’ordinateur surveille en fait la santé de la vache : son poids, la quantité de lait qu’elle produit. Il peut détecter les signes d’une mammite, la couleur et l’épaisseur du lait de chaque vache, et fait le comptage des cellules somatiques, qui sont tous des marqueurs de qualité. Nous pouvons observer une vache à partir de l’ordinateur et surveiller son état. Le logiciel accumule des informations utilisables qui font que nous savons beaucoup de choses sur chacune des vaches. Il peut nous signaler qu’une vache doit être examinée, en indiquant par exemple qu’elle ne mange pas suffisamment, qu’elle perd du poids ou qu’elle a fourni moins de lait qu’hier ou qu’il y a deux jours.
Vous avez un robot d’alimentation. Vous avez un robot de traite. J’ai aussi vu un petit robot qui se promène autour des vaches. Qu’est-ce que c’est au juste et à quoi ça sert ?
Holmdale Farms est équipée d’un robot Lely Discovery qui racle et aspire le lisier et l’urine du sol, ce qui fait que les vaches se promènent sur une surface propre. Il peut se développer un type de champignons, semblable au pied d’athlète, sur les sabots des vaches, alors plus ils sont propres et secs, plus on évite ce problème. Lorsque les vaches s’éloignent du robot de traite, elles passent sur un Lely Walkway : un bassin creusé dans le sol (qu’on appelle « pédiluve ») qui se remplit d’eau et de produits de soin pour les pattes, auquel nous ajoutons un fongicide deux fois par semaine. Nous tenons à ce que nos vaches soient propres et en santé, et ce système nous aide.
Vous avez aussi un robot pour nourrir les veaux ?
Oui, nous avons un robot Lely Calm qui nourrit les veaux avec du lait en poudre. Ce robot pourrait aussi leur donner du lait de vache, mais nous n’avons pas encore ajouté cette fonction au système.
À l’âge de trois semaines, les veaux reçoivent jusqu’à 14 litres de lait par jour ou autant qu’ils peuvent en boire ! Nous commençons le sevrage graduel 66 jours après la naissance, en incorporant graduellement des grains à leur alimentation. De cette façon, les veaux s’adaptent facilement aux aliments solides. Ils ne beuglent pas, car le lait ne leur manque pas du tout, et ils profitent bien.
Nous évitons les changements trop brusques, car les bestiaux sont des êtres d’habitude. Dans le cas des veaux qui passent du lait aux aliments solides ou qui, plus tard, doivent changer d’enclos, nous faisons en sorte que ces transitions se fassent lentement. L’étable est un environnement très peu stressant et nous tenons à ce qu’il le reste.
Il est évident que le soin d’une vache demande beaucoup d’attention.
Nous y pensons chaque jour et toute la journée. Si nos vaches sont satisfaites et en santé, alors Holmdale Farms est prospère et en santé. L’un ne va pas sans l’autre. Avant, la mentalité c’était de nourrir les vaches de manière à ce qu’elles produisent plus de lait, mais cette mentalité a complètement changé. Aujourd’hui, on nourrit les vaches, on les maintient en santé et elles donnent plus de lait d’elles-mêmes. Si vous prenez bien soin des vaches, elles produisent mieux.
Full video by FreshAirFarmer Andrew Campbell’s Dinner Starts here series