par Rosie Schwartz, Dt.P., FDC
Au cours de la dernière décennie, les Canadiens et les Canadiennes ont consommé de plus en plus de fruits de mer, qu’il s’agisse de poissons ou de crustacés. Ce n’est pas étonnant, si l’on tient compte des preuves scientifiques de plus en plus nombreuses qui démontrent qu’une consommation régulière apporte un large éventail de bienfaits pour la santé.Au-delà de nourrir les capacités cérébrales et de préserver la santé cardiaque, les poissons et les fruits de mer contiennent une longue liste de nutriments. Ils fournissent également à l’organisme des antioxydants et des composés anti-inflammatoires.
Autre avantage intéressant : ils demandent peu de préparation et cuisent rapidement. Les fruits de mer sont prêts en un clin d’œil et la règle des pêcheries canadiennes est que le poisson ne doit pas être cuit plus de 10 minutes par pouce d’épaisseur.
Mais il y a un hic à cette popularité croissante.
La consommation de produits de la mer est en forte hausse dans le monde et, à mesure que cette demande augmente, les pêcheries de capture traditionnelles ne peuvent répondre aux besoins. Par conséquent, l’aquaculture — c’est-à-dire l’élevage de poissons, de crustacés et de plantes marines — commence à jouer un rôle croissant dans l’approvisionnement du monde en fruits de mer.
Si la pratique de l’aquaculture s’est considérablement développée au cours des dernières décennies, son histoire remonte à des milliers d’années, à la Rome antique et à une époque encore plus ancienne en Chine. Au Canada, l’élevage d’espèces aquatiques, comme le saumon de l’Atlantique, l’omble de fontaine et les huîtres, a débuté dans les années 1800.

Une variété croissante de produits aquacoles
À l’heure actuelle, cependant, la variété des espèces cultivées commercialement au Canada est passée à environ 45 types différents de poissons, de mollusques et d’algues marines. L’omble chevalier, la morue charbonnière, le saumon, y compris les variétés de l’Atlantique et du Chinook, l’esturgeon (et ses œufs), le tilapia et la truite sont parmi les poissons à nageoires, tandis que les palourdes, les moules, les huîtres, de l’Atlantique et du Pacifique, et les pétoncles sont des exemples de mollusques et de crustacés cultivés. Quant aux plantes marines, les fermes canadiennes cultivent diverses espèces de varech, de mousse et d’algues dans les provinces de l’Atlantique. La culture des algues marines est un autre secteur de l’industrie.
L’aquaculture est pratiquée dans divers milieux, notamment en eau salée ou en milieu marin, dans des lacs et des rivières d’eau douce, dans des étangs ou des réservoirs terrestres. La pisciculture est présente dans toutes les provinces canadiennes et au Yukon. Le choix de l’environnement dépend d’un certain nombre de facteurs, dont l’espèce élevée, l’environnement (marin ou d’eau douce) et les conditions réelles dans lesquelles l’élevage a lieu.

Initiatives en matière d’impact environnemental
L’expansion des pratiques aquacoles a suscité des inquiétudes quant à leur impact sur l’environnement. Mais le secteur s’est efforcé de trouver des moyens d’optimiser la production aquacole tout en réduisant l’impact environnemental de ce type d’élevage.
L’une des solution réside dans l’aquaculture multitrophique intégrée (AMTI). Au lieu de ne cultiver qu’une seule espèce (monoculture) et de se concentrer principalement sur les besoins de cette espèce, l’AMTI consiste à cultiver ensemble une combinaison de différents types d’espèces, chacune d’entre elles bénéficiant de cette combinaison.
C’est une pratique que l’on pourrait qualifier de « recyclage aquacole ». Un exemple d’AMTI est l’élevage de poissons à nageoires, de moules et de concombres de mer à côté d’algues. Les restes de nourriture, les déchets de poisson et les sous-produits des poissons sont utilisés par les moules et les concombres de mer aux côtés des algues pour leur croissance. Ce type d’élevage reflète les écosystèmes naturels où une variété d’espèces se développent ensemble avec des résultats bénéfiques.
Un avantage supplémentaire de l’AMTI pour les pisciculteurs et piscicultrices est que certaines espèces comme les moules et les concombres de mer peuvent ingérer divers microbes qui provoquent des maladies chez les poissons.

D’autres initiatives sont également en cours pour transformer l’eau contenant des déchets de poisson en une ressource précieuse, car elle ne sert pas seulement à produire de l’eau propre, mais aussi des engrais pour l’agriculture et du biogaz, un mélange de gaz qui constitue une source d’énergie renouvelable.
En Colombie-Britannique, dans la ferme de tilapia d’une Première nation, au lieu de simplement se débarrasser des déchets de poisson dans des lagunes voisines comme cela se faisait auparavant, le biogaz produit est maintenant utilisé pour chauffer l’eau pour les poissons à la place du gaz et des copeaux de bois.
Une autre initiative concerne le Myera Group, basé au Manitoba, et sa production d’engrais. L’entreprise s’efforce de réduire l’impact environnemental de l’aquaculture d’une manière unique. Elle a mis au point une technologie permettant d’utiliser l’eau contenant les déchets de poisson comme engrais pendant la saison de croissance estivale pour faire pousser un riz sauvage très nutritif. Ce riz a été historiquement récolté par les peuples indigènes comme source de nourriture et pour la médecine traditionnelle.
Pour utiliser les déchets de poisson tout au long de l’année, Myera utilise une installation intérieure pour produire une souche d’algues spécifique. L’entreprise collabore avec des scientifiques et des guérisseurs et guérisseuses traditionnels afin d’utiliser cette algue comme médicament pour lutter contre la perte de la vue associée au diabète, une condition extrêmement répandue dans les communautés indigènes.
Il ne fait aucun doute qu’à mesure que les questions environnementales continuent de se poser, les pratiques aquacoles évoluent pour répondre à la demande croissante de nourriture tout en créant des méthodes axées sur le développement durable.