par Matt McIntosh
Les champignons et les moisissures, qui sont des champignons microscopiques, sont parfois nécessaires et bénéfiques, si l’on pense à la pénicilline et à certains fromages, par exemple. Mais dans les champs de culture, ils peuvent devenir une véritable infection.
Les maladies causées par les champignons et les moisissures indésirables peuvent avoir un impact significatif sur la qualité et sur le rendement d’une culture, et affecter tant les raisins et les tomates, que le blé et le maïs. La sévérité de la pression exercée par les moisissures est reliée à plusieurs facteurs et les agriculteurs et agricultrices doivent garder leurs champs à l’œil afin de voir venir — et ultimement d’éviter — qu’elles ne s’attaquent aux plantes. Une pression sévère peut grandement réduire la capacité de production d’une exploitation agricole et même représenter dans certains cas une menace pour la santé humaine.
Les fongicides font partie des outils dont disposent les agriculteurs et agricultrices lorsque le taux d’infection par un champignon ou une moisissure atteint des niveaux trop élevés ou lorsqu’ils anticipent un problème entraîné par des conditions environnementales particulières.
Que sont les fongicides ?
Les fongicides sont un type de pesticide utilisé pour stopper la propagation de champignons pathogènes. Ces produits peuvent aider à contrôler les maladies pendant la saison de croissance d’une culture ou à augmenter son rendement, ainsi qu’à améliorer la qualité des récoltes et leur durée de stockage. Tout comme les produits offerts aux consommateurs dans les centres de jardinage, il existe en agriculture différents fongicides pour différents problèmes. Un produit fongicide conçu pour enrayer une maladie spécifique du maïs, par exemple, n’aura aucune efficacité contre une maladie de la tomate ou du concombre.
Les agriculteurs et agricultrices dont les cultures sont particulièrement sensibles à des maladies données doivent appliquer des fongicides plus fréquemment. En général, des conditions froides et humides survenant au mauvais moment de l’année peuvent augmenter considérablement le risque de propagation de champignons pathogènes dans une culture donnée. D’autres facteurs — la sensibilité particulière d’une variété de culture, par exemple — peuvent également entrer en jeux. Cela veut dire toutefois que certaines conditions (temps chaud et sec, variétés résistantes, etc.) peuvent contribuer à prévenir les maladies d’origine fongique.
De fait, les fongicides ne sont pas une panacée à appliquer sans discernement à toutes les cultures. Selon les cultures, les agriculteurs et agricultrices jugent si la pression de la maladie (ou « seuil de la maladie ») est suffisamment élevée pour justifier une intervention. Les fongicides et les procédures d’application représentent un coût en temps et en argent, alors le risque doit dépasser ce coût.
Les fongicides sont également utilisés conjointement à d’autres mesures de contrôle des maladies.
Dans les vergers, par exemple, on installe de grands ventilateurs pour maintenir la circulation de l’air. Cette méthode repousse l’humidité, ce qui a pour effet de supprimer le développement des pourritures fongiques. Une autre méthode consiste à donner aux plantes les nutriments et les doses qui conviennent afin de soutenir des schémas de croissance qui réduisent leur susceptibilité aux pathogènes. Ces stratégies et bien d’autres font partie d’une approche appelée « lutte antiparasitaire intégrée » où les agriculteurs et agricultrices ont recours à un ensemble de méthodes naturelles pour résoudre des problèmes précis.
La résistance aux fongicides, comme à tous les pesticides, est un souci constant. Bien que la résistance naturelle soit toujours un facteur à considérer, l’usage répété d’un même fongicide dans une même zone peut augmenter la résistance des champignons et des moisissures au produit. C’est l’une des raisons pour lesquelles les agriculteurs et agricultrices se tournent vers différentes méthodes de contrôle, autres que les fongicides.
Moisissures et sûreté des fongicides
Comme c’est le cas pour tous les pesticides, la disponibilité et l’utilisation des fongicides sont réglementées par l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) de Santé Canada. Santé Canada doit les avoir approuvés en tant que produits acceptables pour la santé humaine et l’environnement avant que les agriculteurs et agricultrices puissent les utiliser. Par la suite, les produits approuvés sont réexaminés périodiquement, au moins tous les 15 ans ou plus tôt, à la lumière des nouveaux avis scientifiques.
Les normes exigent également que les produits fongicides soient accompagnés d’une fiche de renseignements précis, incluant la quantité à appliquer et la manière de le faire. Les agriculteurs et agricultrices doivent suivre ces indications afin de protéger leurs récoltes sans toutefois les endommager, de même que l’environnement au sens large.
Certains champignons pathogènes peuvent présenter en soi un risque pour la santé humaine et animale s’ils atteignent un niveau élevé dans une culture donnée.
La maladie fongique appelée vomitoxine du maïs, par exemple, peut affecter le bétail si le niveau de cette toxine est suffisamment élevé dans une culture récoltée comme fourrage. Un bon exemple est l’ergot qui peut infecter le blé et qui, en plus de poser problème pour le bétail, aurait été à l’origine de mouvements d’hystérie collective, notamment le procès des Sorcières de Salem de 1692, un épisode fameux de l’histoire des États-Unis. Bien que l’hypothèse soit anecdotique et n’ait jamais été prouvée, elle illustre comment une infection fongique pouvait affecter la santé humaine avant la mise en place des règles de salubrité alimentaire.
La bonne nouvelle, c’est que le système qui assure la salubrité des aliments au Canada est moderne et hautement efficace !