par Jane Dummer
Qu’est-ce que la camerise ?
La camerise, de son nom latin Lonicera caerulae, est également appelée baie de Saskatoon et haskap en anglais. Elle est le petit fruit du camerisier, un arbuste de la famille du chèvrefeuille. Elle est de forme ovale, d’une couleur violet foncé, et sa chair ressemble à celle du kiwi. Elle provient à l’origine d’un chèvrefeuille bleu indigène qui se trouve naturellement en Sibérie et dans le nord du Japon, où les buissons verts et cireux poussent sans être cultivés depuis des siècles. La première introduction de la plante cultivée au Canada a eu lieu à Beaver Lodge, en Alberta, dans les années 1950. La baie de Saskatoon était alors amère et peu appétissante, et se trouvait à l’état sauvage dans toutes les provinces du Canada, à l’exception de la Colombie-Britannique.
Les progrès de la science autour de la camerise
Le docteur Bob Bors et son équipe à l’Université de la Saskatchewan pratiquent la sélection du camerisier depuis 1998. L’objectif du programme est de créer des baies plus grosses et plus savoureuses, ainsi que des plantes capables de se développer dans les conditions de croissance canadiennes, tant dans les jardins particuliers que pour l’agriculture commerciale.
L’équipe s’est d’abord penchée sur quatre variétés provenant de la Oregon State University et dès 2008, la province de la Saskatchewan possédait la collection de graines de baies de Saskatoon la plus diversifiée au monde. En anglais, le nom haskap a été retenu et est devenu le nom de marque s’appliquant à toute nouvelle variété issue du programme consacré aux fruits au département de l’agriculture de l’Université de la Saskatchewan. Il existe aujourd’hui de nombreuses variétés, variant de saveur acidulée à extrêmement sucrée et de taille ovale à ronde.
La culture et la récolte de la camerise
Les camerisiers sont souvent les premières plantes à fleurir au printemps et les camerises, les premiers fruits à mûrir. Ils sont faciles à cultiver et conviennent aussi bien aux jardins urbains qu’aux exploitations commerciales, dont le Québec est le chef de file depuis 2007. Il est intéressant de noter que le camerisier peut mettre jusqu’à quatre ans pour porter des fruits, mais une fois que c’est le cas, il peut produire des camerises pendant 40 ans !
Les plantes et les fruits résistent à de nombreuses conditions climatiques et de croissance, ainsi qu’aux parasites, à l’exception des oiseaux (article en anglais). Les oiseaux adorent manger les baies en croissance et les baies mûres, et peuvent pratiquement dépouiller un arbuste de ses fruits en quelques heures. Il est donc important de disposer de filets de protection et d’appelants pour les éloigner.
Il faut également savoir que les plantes de camerises sont auto-incompatibles, ce qui signifie qu’elles ne s’auto-fécondent pas. Elles ont donc besoin d’une autre plante d’une variété différente fleurissant au même moment afin d’assurer la pollinisation croisée. Les arbustes produisent de petites fleurs tubulaires jaunes au début du mois de mai et les fruits sont prêts à être récoltés entre le début du mois de juin et le milieu de l’été, en fonction de l’ensoleillement et des précipitations.
C’est une récolte qui s’insère entre les autres cultures de baies, telles que les bleuets et les framboises, tout en permettant une utilisation efficace des terres. Lorsqu’il s’agit d’une récolte commerciale, les camerises peuvent nécessiter une main-d’œuvre importante. En raison de sa forme et de sa souplesse, la baie peut être abîmée par une récolteuse mécanique, bien que la variété Aurora semble être plus résistante à ce type de récolte. D’autres variétés peuvent nécessiter un équipement spécial pour la cueillette, et les baies peuvent devoir être triées et nettoyées à la main.
Quelle est l’apparence et le goût de la camerise ?
La peau d’une camerise est de couleur violet foncé. Lorsqu’elle est mûre, l’intérieur est d’un rouge intense et sa texture rappelle celle d’un kiwi. Elle est de forme ovale, presque rectangulaire, bien que certaines variétés soient plus rondes. Chaque camerise contient deux baies jumelles. Sa saveur varie de sucrée à acidulée, selon la variété. Le goût est souvent décrit comme un mélange de bleuet, de framboise, de cassis et de canneberge.
En juillet 2022, j’ai eu le privilège d’être invitée en Saskatchewan pour une visite à la ferme (article en anglais). Lors de ma visite, j’ai eu la chance de manger des camerises fraîchement cueillies. J’ai été séduite ! J’ai rapidement fait concurrence aux oiseaux nuisibles qui se disputaient ces baies mûres uniques et délicieuses.
Quels sont les bienfaits de la camerise ?
La camerise est un véritable concentré de nutriments. Elle contient des fibres, des antioxydants, des vitamines C et A, ainsi que du potassium et du calcium. Ces nutriments favorisent la santé digestive, immunitaire, cérébrale et osseuse. La camerise est de plus en plus reconnue pour ses bienfaits spécifiques dans la lutte contre les maladies chroniques (article en anglais), dont le cancer et le diabète. D’autres études cliniques sur l’humain sont nécessaires pour mieux démontrer la relation spécifique entre la consommation de camerises et leurs effets bénéfiques sur la santé.
La camerise de mille et une façons
Les camerises s’apprêtent de la même façon que la plupart des petits fruits. Qu’elles soient fraîches, surgelées ou lyophilisées (« séchées à froid »), on peut les ajouter à un smoothie, les utiliser en pâtisserie, en faire des confitures, des gelées, des bonbons et diverses boissons. On trouve même sur le marché de la bière, du vin et de la liqueur de camerise, et la liste ne s’arrête pas là. Fraîchement cueillies, elles sont à tomber ! Sous forme congelée, les nutriments et la saveur se conservent bien. La lyophilisation des camerises permet de préserver leur saveur et leur contenu nutritionnel, tout en étant faciles à conserver et à utiliser. Une étude (en anglais) est présentement en cours à l’Université Dalhousie pour extraire et évaluer les composés actifs de la baie en vue d’utilisations potentielles dans l’industrie des produits naturels.
L’avenir de la camerise
La camerise suscite de plus en plus d’intérêt. Vous avez peut-être envie maintenant de planter un camerisier dans votre jardin ? La culture commerciale de la camerise est en plein essor au Canada. Au fur et à mesure de son développement, il faudra consacrer davantage de recherche à la culture de différentes variétés de la camerise, y compris les caractéristiques agronomiques générales et les caractéristiques et conditions post-récolte. Il existe des associations et groupes au Québec et dans tout le pays, dont Camerise Québec, Les Producteurs de camerises, Haskap Canada Association (site en anglais), Haskap Alberta Association (site en anglais), The Haskap Berry Growers Association of Ontario (site en anglais) et Haskap Producers Canada (site en anglais) qui collaborent afin de renforcer la compréhension des meilleures pratiques de culture, de la lutte contre les parasites et des stratégies de mise en marché de ce petit fruit exceptionnel qu’est la camerise.