par Matt McIntosh
Avec un peu de génie, on peut faire pousser des aliments partout.
Nos aliments ne poussent pas tous dans les champs…
La production alimentaire en intérieur, également appelée « agriculture en environnement contrôlé » (AEC), peut prendre plusieurs formes. Déjà, les serres représentent le type d’agriculture en intérieur le plus courant et celui qui connaît la croissance la plus rapide au Canada. On y produit toute une variété de légumes, de fleurs, et même certains fruits.
L’agriculture verticale peut regrouper plusieurs types de fermes. Imaginez un espace clos — un conteneur ou la boîte d’un camion semi-remorque, par exemple — rempli d’étagères superposées verticalement et chargées de plants. Ces installations minimales pourraient en fait être deux exemples de fermes verticales.
Comme les serres, les fermes verticales utilisent une variété de technologies, notamment les conduites d’irrigation, les programmes de nutrition des plantes et différentes technologies d’automatisation, pour n’en nommer que quelques-unes. Alors que les serres doivent compter sur la lumière du soleil pour au moins une partie de la culture, les fermes verticales n’ont pas à le faire.
En effet, ce sont les DEL qui prennent la place de l’ensoleillement naturel dans les fermes verticales. Comme dans les serres (également équipées de DEL pour compléter la croissance), différentes couleurs peuvent être utilisées pour différentes cultures, et pour différents stades de croissance.
Cultivons des aliments partout !
Des fermes verticales peuvent être installées à peu près partout, y compris dans les endroits où l’on ne peut pas cultiver — à l’intérieur ou sur les toits des édifices dans des zones urbaines densément peuplées, des climats très froids, etc. En fait, les secteurs public et privé continuent d’investir dans des programmes visant à installer davantage de fermes verticales, et à plusieurs endroits, l’objectif étant de rendre les produits frais et locaux plus accessibles à plus de gens.
En maintenant une culture dans un endroit complètement clos et dans des conditions optimales, elle risque moins d’être exposée à des pathogènes ou des insectes ravageurs, ce qui veut dire que l’usage de produits de protection — les fongicides, par exemple — est réduit de manière significative. Certains organismes nuisibles pouvant toutefois pénétrer dans le lieu, il est essentiel de suivre des protocoles de biosécurité stricts.
Comme l’indique le ministère de l’agriculture des États-Unis (USDA), la production de légumes et de verdures à proximité des populations urbaines qui ne font que grandir — ou des communautés éloignées — pourraient aider à répondre à la demande alimentaire mondiale croissante, tout en réduisant l’empreinte carbone générée par le transport d’aliments venant de loin.
Tout comme c’est le cas pour d’autres types de fermes, la manière dont les récoltes issues des systèmes de production verticaux atteignent le public peut varier selon l’entreprise agricole. Certaines vendent localement aux consommateur.trice.s, alors que d’autres approvisionnent les épiceries. Par exemple, l’entreprise GoodLeaf Farms de Guelph, en Ontario, fournit les chaînes Loblaws, Metro et Longos, et d’autres entreprises alimentaires de tailles diverses.
Coût et main-d’œuvre
Bien que pleine de promesses, l’agriculture verticale a sa part de défis.
Le coût de la production alimentaire en environnement contrôlé est intrinsèquement élevée par rapport à la production en plein air. L’installation elle-même, les technologies, le contrôle de la température et une myriade d’autres frais contribuent au prix élevé des produits cultivés dans des fermes verticales.
Une analyse (en anglais) effectuée par le ministère de l’Agriculture et des forêts de l’Alberta a révélé ceci :
« Les exploitations dédiées à l’agriculture verticale doivent trouver une façon de vendre leurs produits à des prix plus élevés afin d’être rentables. Les résultats montrent qu’à un certain niveau de ventes au prix de détail (ventes directes aux consommateur.trice.s), toutes les exploitations agricoles verticales peuvent générer un fort rendement net. Toutefois, les résultats de la présente évaluation suggèrent également que des objectifs de ventes directes très importants sont nécessaires pour les grandes exploitations. »
La main-d’œuvre est aussi un problème. L’agriculture en environnement contrôlé demande beaucoup de travail et nécessite des travailleurs et travailleuses pour une série de tâches de production critiques, notamment la propagation, la plantation, le déplacement et le soin des plants, le nettoyage, la récolte, la gestion des ravageurs, la taille des plantes, le tri et l’emballage des produits.
Bien que de plus en plus de technologies d’automatisation sont utilisées en agriculture verticale — ainsi que, plus généralement, dans l’agriculture traditionnelle de plein champ — la demande permanente de main-d’œuvre et la pénurie de travailleurs et de travailleuses restent un problème.
Un potentiel important
La USDA estime qu’environ 15 pour cent de la nourriture mondiale est actuellement cultivée dans les zones urbaines. Malgré les obstacles, l’agriculture verticale pourrait jouer un rôle majeur dans l’augmentation de la production alimentaire d’une manière positive sur le plan environnemental et social. C’est l’une des raisons pour lesquelles les gouvernements, les entreprises et d’autres groupes partout dans le monde continuent d’investir dans les technologies de l’agriculture verticale et dans des opportunités commerciales, ainsi que dans les gens capables de les réaliser.