Chaque année, on entend parler dans les médias de la liste des 12 fruits et légumes « sales », ou contaminés, publiée par le groupe militant américain EWG. Parmi les pires aliments en 2022, on retrouve les fraises, les épinards, les pommes, les raisins et les tomates — des aliments que bien des gens consomment assez régulièrement. Alors, on s’inquiète ou pas ? Non, et voici pourquoi.

Qui est le groupe EWG ?
EWG, c’est l’acronyme de « Environment Working Group ». Ce groupe pointe du doigt une « dirty dozen », soit une douzaine de fruits et de légumes « sales » du fait qu’ils contiendraient plus de pesticides, et nous encourage du même coup à choisir ces produits dans la section bio. L’EWG dresse cette liste en interprétant des rapports du US Department of Agriculture (USDA), qui réalise des tests pour savoir quels pesticides se retrouvent sur les fruits et les légumes, et en quelle quantité. Je comprends que la liste peut causer de l’anxiété, puisque personne n’a envie de manger des pesticides. C’est un mot qui fait peur. Mais avant de sonner l’alarme, renseignons-nous un peu plus…
Les produits bio sont réglementés
Le terme « biologique » est réglementé. Pour être bio, un produit doit être cultivé dans le respect des pratiques suivantes :
- l’utilisation de substances chimiques (engrais, pesticides, etc.) de synthèse n’est pas recommandée
- l’utilisation des OGM est proscrite
- la rotation des cultures doit être observée pour permettre au sol de se régénérer
- la lutte aux nuisibles doit se faire au moyen d’éléments biologiques.
Ainsi, contrairement à ce qu’on pourrait penser, plusieurs pesticides sont acceptés dans l’agriculture biologique. Ils doivent cependant provenir de substances naturelles et non synthétiques. Mais « naturel » ne veut pas dire « bon pour la santé ». C’est la dose qui fait le poison. Les limites de résidus pour les pesticides biologiques sont tout aussi conservatrices que celles utilisées dans l’agriculture conventionnelle.
Aucune étude à ce jour n’a démontré que manger les aliments biologiques avait un impact positif sur notre santé. Cela dit, l’utilisation de pesticides est associée à un plus grand risque de maladie chez les agriculteurs. Quant à l’impact sur notre environnement, je crois que ça mériterait d’être le sujet d’un autre article.
Le groupe EWG n’est pas impartial
Ce groupe est…
- un groupe activiste qui ne base pas ses recommandations sur la science, mais plutôt en fonction de sa position pro-bio
- grandement critiqué par la communauté scientifique, puisque sa méthodologie n’est pas rigoureuse
- constitué d’une trentaine de personnes, pour la plupart des auteurs, entrepreneurs, producteurs télé, acteurs et personnalités publiques.
Est-ce que tous les résidus présentent des risques ?
La liste « dirty dozen » comprend les fruits et les légumes qui contiennent le plus de pesticides, sans dire combien, lesquels, ou si la quantité pose un risque pour la santé des humains.
Les analyses du USDA rapportent qu’il y a des résidus de pesticides sur les aliments bio et non bio, à des quantités allant de 100 à 1000 fois inférieures aux quantités qui peuvent être tolérées sans risque.
Ainsi, même si ces 12 fruits et légumes avaient plus de résidus de pesticides que d’autres lors des analyses, ces quantités sont TRÈS en-dessous de ce qui pourrait être nuisible à notre santé.

La fraise, numéro un sur la liste des fruits et légumes « sales », n’en contient pas tant que ça : une femme adulte pourrait manger 453 tasses de fraises par jour sans atteindre la quantité qui a des effets sur notre santé, et un enfant, 180 tasses. Je pense que n’importe qui se tannerait avant ça !
Les légumes non bio ne sont pas « sales »
Le EWG présente les données de façon à faire peur aux consommateurs et consommatrices à propos des pesticides sur les aliments non biologiques.
Peu importe notre choix à l’épicerie, il n’y a pas lieu de s’inquiéter pour notre santé si on mange des légumes et des fruits. Au contraire ! Il a été prouvé tellement de fois que les personnes qui en mangent plus sont en meilleure santé que celles qui en mangent peu.
En étiquetant des fruits et des légumes comme étant « sales », c’est sûr que ça nous donne moins envie d’en acheter. Ça peut causer de l’anxiété face aux choix à l’épicerie, ou encore de la culpabilité lorsqu’on achète des aliments non bio. Et ça, on n’en a pas besoin.
Le mieux reste de laver les fruits et les légumes, qu’ils soient bio ou non, avant de les manger.
Ainsi, au lieu de s’inquiéter quant à la quantité de pesticides qu’on mange, on devrait plutôt s’inquiéter du fait qu’on ne mange pas assez de fruits et de légumes. En fait, 70 % des Canadiens et des Canadiennes mangent moins de 5 portions par jour.*
Mangeons plus de fruits et de légumes. Point.
Si votre portefeuille vous le permet, achetez des aliments bio si ça vous dit (et locaux, si possible !). Si ce n’est pas le cas, il n’y a pas lieu de se sentir mal d’acheter des fruits et des légumes non bio.
Les fruits et les légumes, biologiques ou non, sont sécuritaires et bénéfiques à notre santé.
Source: https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/82-625-x/2019001/article/00004-fra.htm