Dès la plantation, agriculteurs et agricultrices doivent compter sur beaucoup d’éléments pour obtenir une culture de qualité. Une culture de céréales, par exemple, demande des températures chaudes pour aider les graines à germer et à sortir du sol. Il faut ensuite des pluies en temps utile et un ensoleillement important. Enfin, il faut s’assurer également que des insectes affamés ou des maladies fongiques ne viennent pas ronger la récolte. La bonne nouvelle, c’est qu’il existe aujourd’hui des produits qui peuvent aider à prévenir certains des dommages causés par les ravageurs.
C’est au cours d’une visite à la ferme que j’ai pu en apprendre davantage sur la technique du traitement des semences, qui consiste à enrober chaque graine d’un produit servant à la protéger à son stade de vie le plus délicat. Je vous invite à venir avec moi à la rencontre de Greg, propriétaire avec sa famille de Woodrill Farms, à Guelph, en Ontario. Selon son expérience, le traitement des semences est le meilleur moyen de protéger les petites graines et les semis.
Greg, j’aimerais que tu nous parles de ta ferme.
Notre exploitation est diversifiée. Nous cultivons du maïs, du blé et du soja dans la région de Guelph. Nous avons également une entreprise d’approvisionnement en produits agricoles et de silos à grains.
Vous fournissez d’autres fermes ?
Oui. Nous vendons des produits dont les autres agriculteurs et agricultrices ont besoin pour cultiver du maïs, du blé et du soja. Ces silos à grains sont également l’endroit où ils apportent leur récolte à la fin de l’année pour la vendre. Nous sommes donc un peu une plaque tournante pour les autres céréaliers de la région.
Et c’est une entreprise familiale.
Oui. Mon grand-père et mon arrière-grand-père se sont installés ici en 1929. C’était une ferme laitière jusqu’au milieu ou à la fin des années 1960, quand mon père l’a transformée en ferme agricole. Depuis, elle n’a cessé de se développer.
Nous sommes de retour derrière votre ascenseur, dans le champ. Qu’est-ce qui pousse ici ?
C’est un champ de soja. Nous y avons cultivé du maïs l’année dernière. Nous avons laissé le chaume du maïs pendant l’hiver pour réduire l’érosion du sol. Puis ce printemps, nous avons planté dans le chaume pour ne pas trop perturber le sol et nous avons planté du soja.
C’est plutôt normal de changer de culture au fil des ans dans le même champ ? Pourquoi faites-vous cela ?
On appelle ça la rotation des cultures. Nous avons ici une rotation assez standard où nous faisons pousser successivement sur une même parcelle du maïs, du soja et du blé. Il y a tout un tas de raisons de faire tourner nos trois cultures. Premièrement, cela réduit la pression des maladies dans le champ. Si vous plantez la même culture année après année, les maladies peuvent s’accumuler dans ce champ et affecter cette culture. Nous aimons aussi les faire tourner pour lutter contre les insectes destructeurs. Si un insecte aime manger le maïs, il est logique de changer de culture. Nous plantons donc du soja après le maïs pour aider à contrôler la population d’insectes.
À quel stade se trouve ce champ ?
Nous avons planté ce champ il y a environ sept jours, donc les plants de soja commencent tout juste à germer sous le sol. Si nous avons un peu de temps chaud, ils commenceront à percer le sol d’ici un jour ou deux.
Nous plantons les graines à un pouce et demi de profondeur pour nous assurer qu’elles soient dans l’humidité. Lorsque le sol se réchauffe, la graine absorbe cette humidité et commence à pousser…
A côté de cette pousse, il y a une petite coquille rose qu’on a fait tomber quand on l’a déterrée. C’est quoi cette coquille rose ?
C’est l’enveloppe de la graine qui entourait le soja à l’origine. La boule au bout du germe était le soja d’origine et elle est en deux parties, mais elle avait l’enveloppe de la graine à l’extérieur.
La graine est traitée avec un produit de couleur rose avant d’être mise en terre. Cela signifie que nous appliquons des produits sur l’enveloppe de la graine pour l’aider à se développer. Il y a un insecticide pour la protéger contre les insectes et un fongicide pour la protéger contre toute maladie présente dans le sol. Les légumineuses comme le soja reçoivent également un inoculant qui, lorsqu’elles commencent à pousser, aide à créer des nodules sur les racines afin qu’elles fixent leur propre azote à partir du sol.
Donc, ça donne un coup de pouce à la graine ?
C’est aussi un moyen de protection. Nous mettons cette graine dans le sol et nous voulons la protéger autant que possible. Nous appliquons le traitement des semences pour que, s’il fait froid après la plantation et que les semences restent sous terre un peu plus longtemps que prévu, elles bénéficient d’une couche de protection.
Ces derniers temps, nous avons beaucoup entendu parler des néonics, qui sont des enrobages de semences assez courants. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?
Le néonic protège spécifiquement nos semences contre différents insectes qui les attaquent lorsqu’elles sont dans le sol ou lorsque la plante commence à pousser. Il existe en fait plusieurs insectes différents, comme les taupins et les vers blancs, qui peuvent venir manger la graine ou les racines et empêcher la plante de pousser.
Les enrobages de semences et les insecticides ont fait l’objet d’une controverse quant à savoir s’ils nuisent aux bons insectes, comme les abeilles. Est-ce qu’ils font du mal aux abeilles ? Comment s’en protéger ?
Beaucoup de gens en parlent et les scientifiques analysent encore des données pour comprendre leur effet. On craint que les néonics n’atteignent un insecte non ciblé ou une plante non ciblée. Par exemple, lorsque nous plantons les graines traitées, de la poussière s’est-elle détachée de la planteuse et s’est-elle retrouvée sur une autre plante sur laquelle une abeille aurait pu se poser ? En tant qu’agriculteurs et agricultrices, nous avons fait tout un tas de choses pour essayer d’atténuer ce problème. Nous avons mis des déflecteurs sur nos planteuses pour que la poussière qui se détache des graines soit mise dans le sol et n’atteigne pas d’autres plantes.
Peux-tu m’expliquer un peu plus le déflecteur de poussière ? Que fait-il pour essayer de protéger les abeilles ou tout autre insecte environnant ?
Nous utilisons une planteuse pneumatique et le déflecteur de poussière est équipé d’un aspirateur. Cet aspirateur est muni d’un disque dans lequel sont aspirées les graines, car lorsque nous les plantons, nous voulons qu’elles soient disposées en rangées spécifiques et espacées les unes des autres. Lorsque nous aspirons l’air à travers la planteuse, il se peut qu’un peu de poussière se détache des graines. Ce que nous voulons faire, c’est prendre l’air qui sort de la planteuse et le mettre sur la graine ou dans le sol où elle est plantée. Ainsi, il n’est pas libéré dans le reste de l’environnement et il est absorbé par le sol, où il contribuera à la protection contre certains insectes nuisibles.
Cela semble être un meilleur moyen que de pulvériser toute la culture à la fois.
C’est un moyen vraiment propre et sûr pour nous d’appliquer ces produits et ces protections sur nos semences. Nous avons ces insectes dans nos sols et dans notre environnement chaque année, et nous devons les gérer afin de produire une quantité suffisante de cultures. Les traitements des semences ont été un moyen très efficace de les gérer dans le passé.
Nous sommes également passés aux traitements des semences, car ils sont plus sûrs pour l’opérateur, le pesticide étant appliqué directement sur la semence et en très petite quantité. Nous pouvons avoir un meilleur contrôle en le gardant sur la graine et dans le sol, et je pense que c’est la meilleure façon de protéger nos semences. Lorsque nous devons pulvériser un insecticide pour tuer l’insecte qui se trouve sur la plante, cela peut parfois affecter d’autres insectes que ceux que nous visons. Nous essayons de cibler ceux qui atteignent un seuil et qui vont affecter notre culture et c’est ainsi que nous prenons la décision de pulvériser. Mais s’il y a d’autres insectes dans le champ, ils seront également touchés.
Ce petit plant de soja, combien de temps avant qu’il ne soit vraiment une plante et qu’il contienne des graines de soja que vous allez récolter ?
Avec un peu de chance, nous aurons un bel été chaud et nous récolterons notre soja fin septembre ou début octobre, ce qui est habituel dans cette région de l’Ontario. Nous plantons le soja en mai, nous le regardons pousser tout l’été et faisons ce qu’il faut pour nous assurer d’obtenir une bonne récolte saine.